vendredi 28 mars 2014

Ateba Eyene: Une foule pour les adieux par Félicité BANANE N

C'est au forceps que le corps de Charles Ateba Eyene a quitté la morgue de l'hôpital général de Yaoundé, hier autour de 11h, entouré d'une foule surexcitée, criant à tue-tête, poings levés, «héros, héros, héros...»! Au sortir de cette formation sanitaire, impossible pour le corbillard et son cortège de s'ébranler. La foule, de plus en plus grande autour du véhicule, reprend en boucle l'hymne national. Malgré le déploiement d'une centaine de policiers et gendarmes, c'est au pas de tortue que la dépouille mortelle de l'écrivain, communicateur, enseignant et homme politique part de la morgue à la paroisse EPC Marie Gocker, entourée d'une marée humaine qui est à pied. 


La levée de corps de Charles Ateba Eyene débute affectivement à 10h. Dans la marée humaine présente à la morgue, de nombreux hommes de médias, de culture, de la scène politique... En bonne face, une délégation du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) dont le défunt était membre suppléant. La délégation est conduite par David Nkotto Emane. Dès l'apparition du cercueil, c'est l'hystérie dans la foule. Les chants religieux sont couverts par les cris et autres lamentations: «Tara tu es vraiment mort?» «Ateba Eyene qui nous dira encore les vérités?» «Pourquoi Dieu a permis que tu meures si tôt?» Tant bien que mal, les hommes d'église engagent un service culturel. Fort à propos, le célébrant principal exhorte: «Veillez, parce que vous ne savez ni le jour, ni l'heure. Charles Ateba Eyene était chrétien, membre de l'Eglise presbytérienne camerounaise. Dieu a décidé de le rappeler à lui à 42 ans. Qui sommes-nous pour être contre sa sainte volonté?». Alors que le pasteur entonne le dernier cantique, les jeunes encadrés à l'extérieur par les forces de l'ordre entonnent quant à eux l'hymne national. Nombreux d'entre eux arborent des t-shirts noirs à l'effigie du défunt et sur lesquels est inscrit: «Un héros ne meurt pas...». 

Le plus dur pour le protocole commence dès la fin de l'office religieux. Une impressionnante bousculade. Les jeunes veulent qu'il leur soit permis de porter le cercueil ou au moins de voir le corps. Des conciliabules se font ça et là. L'homme de Dieu reprend la parole. C'est pratiquement en suppliant qu'il demande: «Si vous avez aimé Charles Ateba Eyene, faites plutôt une haie d'honneur pour conduire sa dépouille dans la dignité». La haie d'honneur ne sera pas faite mais le protocole réussira à sortir le cercueil de la morgue. Le «héros» sera inhumé ce samedi dans son village Bikoka, par Lolodorf, région du Sud.

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