Grand Frère,
Je sais que ces mots, tu ne pourras peut être pas les lire de là où tu te trouves maintenant et grand est mon regret de ne t’avoir pas consacré cette tribune de ton vivant. J’espère cependant malgré les larmes qui obstruent mon visage et le chagrin qui transperce mon cœur, que je saurais à travers cette correspondance, te rendre un hommage mérité fût-il post mortem.
Je sais que ces mots, tu ne pourras peut être pas les lire de là où tu te trouves maintenant et grand est mon regret de ne t’avoir pas consacré cette tribune de ton vivant. J’espère cependant malgré les larmes qui obstruent mon visage et le chagrin qui transperce mon cœur, que je saurais à travers cette correspondance, te rendre un hommage mérité fût-il post mortem.
La mort sait nous arracher, au moment le plus inattendu les êtres que nous chérissons le plus. Tel un bourreau, insensible et aveugle, elle est arrivée dans le hasard de sa folie meurtrière, et t’a enlevé alors que nous commencions à peine à savourer ta présence à nos cotés.
Notre volonté aurait été suffisante, que nous nous sérions ligués contre la mort pour t’empêcher de nous laisser en si bon chemin mais qui sommes-nous, face à la puissance irréversible de la destinée qui nous entraîne implacablement vers la destination finale? Qui sommes nous face à la toute puissance divine qui donne si aimablement mais qui parfois nous le reprend, pour nous réveiller de notre enlisement progressif dans le mal ? Nous ne sommes rien ! Et c’est la raison pour laquelle nous ne pouvons que contempler impuissamment ton départ prématuré de cette Nation que tu aimais tant. C’est pourquoi nous n’avons que nos yeux pour pleurer, lorsqu’on s’imagine que plus jamais on ne te verra à la télévision ni t’entendre à la radio.
Ayant reçu à la naissance le don divin de l’illumination, tu t’es très tôt démarqué de la masse ignorante pour te ranger parmi les plus éclairés de notre pays. Issue d’une famille modeste et n’ayant au départ pour seuls atouts, que ton intelligence, ta vivacité, ta curiosité intellectuelle, ton courage, ton sens de l’effort, ta détermination et ta volonté tu as su braver tous les obstacles de la vie pour te hisser au sommet de l’intelligentsia camerounaise, un milieu élitiste par excellence.
Fier des connaissances acquises tout au long de ce processus, tu n’as pas hésité à te mettre au service de la Nation, afin que dans son entièreté toute la population puisse en bénéficier. Très attaché aux idéaux tels que la justice, l’éthique, l’équité et l’égalité entre les citoyens, tu t’es lancé dans des combats difficilement assimilables par le commun des mortels. Incompris et toujours combattu, ton acharnement à faire jaillir la vérité dans une société où le mensonge et la tricherie se sont érigés en vertu, a fait de toi un homme à part, aimés des uns et haïs des autres.
Intellectuel engagé et convaincu de son savoir, tu faisais partie des rares intellectuels de notre pays capables de s’affirmer comme tel, sans craindre de se voir contester ce titre. Politiquement, tu t’es investi à changer le visage hideux du RDPC, parti politique à l’idéologie porteuse dans son fondement, mais que les principaux acteurs ont transformé en une machine dangereuse, prédatrice et destructrice du destin de la république.
Dans un parti politique où des gens s’agitent généralement pour viser des positions et des traitements préférentiels et disparaissent aussitôt qu’ils les obtiennent, toi tu as travaillé, mettant ton engagement, ton énergie et ton intelligence à son service, sans rien escompter en retour que la reconnaissance collective. Même ceux qui, au départ ne voyaient en toi que quelqu’un qui vise quelque nomination à un poste lucratif, ont fini par comprendre que seuls le patriotisme et l’adhésion à l’idéologie d’un parti justifiaient ton engagement inconditionnel. Malgré les nombreuses déceptions, à l’instar du rejet de ta liste par la commission des investitures lors des élections sénatoriales, ton militantisme et ton engagement à faire du RDPC, un parti débarrassé de la gangrène anti républicaine, restèrent intacts.
Charles, pour la jeunesse tu fus un exemple à suivre ou mieux un modèle d’inspiration. Dans un pays ou la jeunesse qui constitue pourtant l’essentiel de la population active, est marginalisée et muselée par des aînés aux appétits voraces, tu as usé de ton courage pour la mettre au centre de tes préoccupations prioritaires, avec l’idée que finalement les autorités consentiront à lui donner la place prépondérante qui est la sienne dans le développement de notre pays. Au moment où tu t’en vas, rien de manifeste ne montre que les préoccupations de la jeunesse camerounaise fassent partie des intentions de nos dirigeants, mais nous gardons l’espoir car le combat que tu as commencé est loin de s’arrêter. Il nous a pénétré et a éveillé en nous l’engagement patriotique, qui nous permettra de hisser le Cameroun au rang des pays justes et prospères.
Charles, au moment où tu t’en vas, je ne demanderai pas comme Souley ONOHIOLO : « Mort où est ta victoire ? », car ta victoire est là, c’est juste que les mentalités sont très résistantes au changement. Quand j’entends ce concert des hommages qui te sont rendus à travers le Cameroun et le monde entier, j’ai une seule fierté : tu n’es pas venu en vain, tu n’as pas travaillé en vain, tu n’as pas crié en vain. Tu as marqué plus d’une personne même ceux qui semblaient indifférents à ton discours.
Mêlant ma voix à celle des autres, je souhaite mes chaleureuses condoléances à tes enfants que le sort a voulu rendre orphelins à un âge aussi délicat, à ta famille, tes amis, à toute la jeunesse camerounaise, ainsi qu’à la Grande Communauté Béti qui a vu s’écrouler un pilier essentiel de sa fondation. In fine, je dirais comme les Romains lorsqu’ils perdaient un roi : « ATEBA EYENE est mort, Vive ATEBA EYENE ». Que ton nom soit marqué en lettres d’or, au Panthéon encore invisible des Héros Nationaux.
Leave in peace Big brother!
Leave in peace Big brother!
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